La Plume d'Ivoire

Quatrième de couverture :

Le chevalier assassin, Pierre Cordwain de Kosigan, dirige une compagnie de mercenaires d’élite triés sur le volet. Surnommé le « Bâtard », exilé d’une puissante lignée bourguignonne et pourchassé par les siens, il met ses hommes, ses pouvoirs et son art de la manipulation au service des plus grandes maisons d’Europe. En ce mois de novembre 1339, sa présence en Champagne, dernier fief des princesses elfiques d’Aëlenwil, en inquiète plus d’un. De tournois officiels en actions diplomatiques, de la boue des bas fonds jusqu’au lit des princesses, chacun de ses actes semble servir un but précis. À l’évidence, un plan de grande envergure se dissimule derrière ces manigances. Mais bien malin qui pourra déterminer lequel… 

* * *

            Lauréat du prix Imaginales des lycéens, Le Bâtard de Kosigan était à l’origine une série de scenarii pour le jeu Neverwinter Nights qui ont été remaniés pour devenir une saga de romans. La série compte pour le moment deux tomes et sept sont prévus en tout, dont deux histoires inédites.

            J’avais d’abord acheté le second tome avant de me rendre compte que c’était eh bien… le second. La quatrième de couv’ stipule qu’ils peuvent se lire indépendamment et l’auteur a travaillé exprès pour cela, faisant des rappels du premier, explicitant certains points sans que ce soit trop lourd pour ceux ayant déjà lu le tome précédent. Donc si vous souhaitez lire le deuxième tome en premier, vous pouvez ! Pour ma part, je suis complètement butée, donc j’ai acheté et lu le premier d’abord.

            Le Bâtard de Kosigan est une série de fantasy historique qui se déroule en France en 1339. Le premier tome nous dévoile un royaume où prennent place des intrigues politiques bousculant à la fois le Comté de Champagne, le Duché de Bourgogne et le Royaume de France. S’appuyant sur l’histoire de France, Fabien Cerutti y mêle habilement une touche de fantasy. Dragons, elfes et magie sont donc présents. Un point particulièrement intéressant d’ailleurs : la magie et les sortilèges sont de moins en moins puissants puisque les animaux féeriques sur lequel les sorciers prélevaient des ingrédients, ont disparu et ces éléments sont de plus en plus difficiles à trouver.

            Pierre Cordwain de Kosigan, surnommé « Le Bâtard » et renié par sa famille, est à la tête d’une troupe de mercenaires très mystérieuse. Il se met au service des plus puissants de ce monde mais choisit précisément ses batailles car ses allégeances servent surtout ses propres desseins.

            Arrogant et fourbe mais surtout charmeur, le bâtard de Kosigan n’hésite pas à tromper son monde, quitte à y laisser la vie, pour atteindre son but. C’est un personnage plein de défauts mais qui réussit à charmer son entourage comme son lecteur. Entouré de personnages hauts en couleur, il nous entraine au milieu d’un tournoi où les participants comptent plus de ses ennemis que de ses alliés, où il se permet tous les coups et ruses possibles pour assurer sa victoire, où il manque de mourir plusieurs fois sous la haine et la rancœur de ses ennemis. Action, adrénaline et suspicions sont de mise. Non, le Bâtard de Kosigan ne joue pas franc jeu. Mais il a un objectif à atteindre. Lequel ? Pour le moment, lui seul le sait.

            De provocation, à première vue, gratuite, et réparties ironiques en combats acérés, plans de dernière minutes et phases de séduction, Pierre Cordwain de Kosigan, nous fait tournoyer avec plaisir d’intrigue en intrigue, jusqu’au point final.

            Le roman est véritablement en deux parties, celle où l’on suit le Bâtard dans laquelle est intercalée la correspondance d’un de ses descendants, 500 ans plus tard. L’ambiance entre les deux est clairement différente et n’est pas due seulement au changement d’époque ou de forme de narration, il y a quelque chose qui cloche mais nous n’avons pas assez d’informations pour percuter pleinement ce qui manque. C’est ce que la fin vous dévoilera.

            J’ai trouvé que ces lettres cassaient un peu le rythme. J’avais parfois juste hâte de retrouver les aventures du Bâtard. Les premières servent surtout à introduire Kergaël de Kosigan, son époque et ses découvertes mais elles m’ont parfois ennuyée. En revanche, elles deviennent vraiment intéressantes dans le dernier tiers du roman car Kergaël (j’adore ce prénom !) commence à déterrer des éléments mystérieux sur le passé du Bâtard, qu’il n’aurait jamais osé imaginer.

            C’est un roman que j’ai abordé avec beaucoup de curiosité et que j’ai dévoré avec beaucoup de plaisir. Le gros point fort de l’histoire est son pilier central : Pierre Cordwain de Kosigan (Lui aussi, j’adore son prénom. Enfin le deuxième... Parce que Pierre… Cordwain. C’est chouette non ? Prononcez le lentement à voix haute. Alors ? Vous voyez ? Cordwain de Kosigan. Ça claque !). Un personnage très bien travaillé alliant de nombreux défauts dont certains se transforment en qualités aux yeux du lecteur. Son humour contrebalance aisément son arrogance qui aurait pu le rendre antipathique. Manipulateur à souhait, on prend vraiment plaisir à suivre ses plans (qui s’avèrent parfois foireux, il faut l’avouer) c’est un escroc auquel on s’attache étonnement facilement…

            Les autres protagonistes ne sont pas en reste, Fabien Cerutti a entouré son héros de personnages qui sont bien plus que de simples mots sur un bout de papier. Ils sont vivants, ont tous leurs caractères, leur façon d’être. On y croit et avec plaisir.

            Le Bâtard de Kosigan est certes un roman de fantasy historique mais que les histoirophobes ne fuient pas ! Si vous aimez la fantasy médiévale, vous aimerez cette saga. Le côté historique est présent et est l’écrin des aventures de notre héros certes, mais, ce n’est pas pour cela que nous avons droit à un long cours d’histoire assommant. Au contraire ! L’auteur nous présente d’abord son héros et les personnages au fur et à mesure, le contexte historique se place avec naturel autour du récit et des éclaircissements nous sont donnés sans lourdeur. 

            Si vous ne l’avez pas encore compris : lisez-le. Ce roman est un véritable plaisir de lecture et même si les fameuses lettres font perdre un peu de rythme à l’action, cela n’entache pas la (concupiscence / impudicité / récréation / réjouissance… Oui j’ai cherché des synonymes de plaisir et y’en a aucun qui convient !) et elles servent la chute de ce premier tome.

            Maintenant, à moi le deuxième  tome !

Sachez que vous pourrez rencontrer Fabien Cerutti, ce samedi (13 Mai 2015) aux Futuriales, à Aulnay sous bois. Vous pourrez y acheter le tome 1. Ou le 2. Ou les deux, soyons fous !