Quatrième de couverture :
« Encore aujourd'hui, il m'arrive d'entendre, le soir, une voix qui m'appelle par mon prénom, dans la rue. Une voix rauque. Elle traîne un peu sur les syllabes et je la reconnais tout de suite : la voix de Louki. Je me retourne, mais il n'y a personne. Pas seulement le soir, mais au creux de ces après-midi d'été où vous ne savez plus très bien en quelle année vous êtes. Tout va recommencer comme avant. Les mêmes jours, les mêmes nuits, les mêmes lieux, les mêmes rencontres. L'Éternel Retour.»
* * *
Patrick Modiano, auteur prolifique d’une quarantaine d’ouvrages entre 1995 et aujourd’hui, s’est vu attribué le Prix Nobel de littérature 2014 pour l’ensemble de son œuvre.
Dans le café de la jeunesse perdue est le premier roman que je lis de cet auteur. Je ne m’y étais pas attelée avant car j’avais une image de son travail pleine de préjugés, je pensais que ses livres étaient ennuyeux, long et morne. Etonnement ce n’est pas sa mise en tête de gondole grâce au Nobel qui m’a décidée mais la vidéo que Solange te Parle a fait sur lui. Après l’avoir visionnée, l’idée de le lire a fait son chemin avant de devenir irrésistible.
J’ai lu ce roman d’une traite.
Dès les premières pages j’ai été happée par une espèce de cocon, complètement envoûtée par l’ambiance du roman.
Différents points de vue s’entremêlent tout au long de l’histoire pour nous dresser le portrait de Louki, la mystérieuse jeune femme qui intrigue tous les hommes de ce roman. Tout tourne véritablement autour d’elle et les personnages qui prennent la parole tour à tour n’ont ce droit de parole que parce qu’ils ont un lien plus ou moins direct avec elle et partagent cette même fascination pour le personnage. Insaisissable, mystérieuse et solaire, elle semble attirer à elle nombre de gens sans même s’en rendre compte. Les témoignages et les souvenirs des uns et des autres apportent des éléments qui permettent de dresser petit à petit le portrait de cette héroïne éthérée.
Le temps semble modulable, voire même absent. Ce qui pourrait être perçu comme ennuyeux m’a ici, mise dans une ambiance douillette mais vide, dont je n’avais plus envie de sortir.
La thématique de l’errance et de la solitude sont très palpables, notamment à travers leurs longues promenades dans Paris et leur besoin presque désespéré de créer des liens mais, se ressent aussi beaucoup dans l’écriture. Peut-être le rythme ou la distance entre la narration et les faits relatés y sont-ils pour beaucoup mais, il semble que même lorsque les personnages sont entourés de gens, ils sont seuls. C’est une impression très forte qui se dégage de ces pages et qui flotte longtemps après dans l’atmosphère. Cette solitude et la tristesse qui en découle restent ancrés après avoir terminé l’ouvrage.
La lecture de ce roman a comme creusé un grand vide. C’est très difficile à expliquer. Les grands espaces dont parle Solange me paraissent une comparaison très juste. J’ai encore du mal à sortir de la bulle qu’a crée la lecture de ce livre. Ce sont plus les sensations qu’il a fait émerger que l’histoire en elle-même qui m’a bouleversée. D’ordinaire, les livres qui me donnent l’impression de me vider me laissent une sensation de tristesse infinie, d’un gouffre sans fond. Ici, c’est différent. Certes, j’ai eu cette impression d’espace déconcertant mais, étrangement c’est apaisant et presque plaisant.
C’est un ovni dans ma bibliothèque car ces sensations ne sont pas habituellement celles qui me font vibrer mais, pourtant je crois bien que j’ai adoré ce voyage avec Modiano. Je ne sais pas exactement comment me positionner par rapport à cette lecture et cette perplexité me plaît.
Ce premier Modiano est tout de même loin d’être une déception. Il était temps que je me lance et je tiens à remercier Solange pour l’impulsion qu’elle m’a inconsciemment donnée.
Je suis prête à replonger immédiatement.
Pour moi, l'automne n'a jamais été une saison triste. Les feuilles mortes et les jours de plus en plus courts ne m'ont jamais évoqué la fin de quelque chose mais plutôt une attente de l'avenir. Il y a de l'électricité dans l'air, à Paris, les soirs d'octobre à l'heure où la nuit tombe. Même quand il pleut. Je n'ai pas le cafard à cette heure-là, ni le sentiment de la fuite du temps. J'ai l'impression que tout est possible.
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