Quatrième de couverture :
Au terme de votre vie, à combien estimez-vous le nombre de minutes au cours desquelles vous avez commis une erreur irréparable ? De celle dont les conséquences régissent d’une douloureuse tyrannie vos agissements futurs jusqu’au trépas. Mon acte manqué ne dura pas plus d’une fraction de seconde et pourtant ma mémoire fracturée me renvoie sans cesse à cet instant précis tandis que la course du temps poursuit son inaltérable marche, m’éloignant toujours un peu plus de ce que j’ai perdu ce jour-là. Je me demande si notre dernière heure venue, les remords s’effacent, nous délestant ainsi d’un bagage bien lourd vers l’au-delà ou le néant, peu importe. Puis je me souviens alors qu’il s’agit là d’une délivrance qui m’est interdite, condamné à porter sur mes épaules ce fardeau à travers les âges, à moi qui suis immortel.
L’amour ne devrait jamais être éternel, car nul ne pourrait endurer tant de douleur.
* * *
Je ressors de vieilles chroniques du placard !
J'ai lu ce roman en Mai 2013 et cette chronique est restée inachevée dans les brouillons du blog depuis...
La voilà ENFIN ! Si c'est pas incroyable ça...!
Si la « bit-lit » niaise où les vampires sont des ados en chaleur et au grand cœur vous ennuie, Even dead things pourra sans doute vous plaire. Plus encore si vous vous languissez de vrais vampires aux instincts bas et viles ! Ambiance sombre et bonne dose de romantisme noir sont au rendez-vous !
Lord Josiah Scarcewillow est le narrateur principal. Vampire de son état, il délaisse Londres pour retourner vivre à la campagne dans sa demeure familiale. C’est à cette occasion qu’il rencontrera Abigale. Un puissant amour éternel naîtra entre eux. L’histoire ne parle pas que de cette idylle romanesque comme on pourrait le croire, Mathieu Guibé prend des chemins détournés que nous ne soupçonnons pas forcément et qui rendent ce livre encore plus prenant.
La relation entre Josiah et Abigale se noue très rapidement. Peut-être un peu trop. Néanmoins, le tournant que prend l’histoire par la suite est surprenant et bienvenu. Voir l’esprit de Josiah sombrer à ce point dans le désespoir tend à donner une atmosphère particulièrement sombre au roman, ce qui n’est absolument pas pour me déplaire !
Le roman est découpé en plusieurs parties qui se terminent chacune par un petit épilogue donnant la parole à un autre protagoniste. Le point de vue interne choisi par l’auteur nous permet de découvrir Josiah et d’avoir accès à toutes les émotions qui l’habitent et aux raisons qui le poussent à agir comme il le fait. Ses tourments le torturent constamment, il est persuadé d’être totalement dénué d’émotions. Mais, ses pensées le trahissent et le lecteur perçoit à travers ses actes et certaines de ses pensées que les sentiments ne l’ont pas vraiment quitté.
Le bouleversement total de sa non-vie a lieu plus tôt qu’on ne le pense et le jettera dans un entre deux, alternant phases de déchéance, où il tente de s’avilir le plus possible pour se prouver la vraie nature de son âme, et d’espoir. Ses penchants de prédateur à l’âme noircie jusqu’aux orteils fait fréquemment surface. Violence, meurtres, bains de sang sont pratiquement son quotidien. N’agit-il pas comme cela essentiellement pour se convaincre lui-même qu’il est un être mauvais dépourvu de toute part d’humanité ?
L’atout de Mathieu Guibé est de réussir à faire agir son héros de manière horrifiante sans que les descriptions ne deviennent insoutenables. Il y a une certaine retenue dans son écriture qui rend la chose plus facile à digérer et qui fait que, fort heureusement, nous ne tombons pas dans quelque chose de trop macabre. Josiah n’est clairement pas un saint mais, nous sont épargnées les descriptions trop sanglantes qui, certes auraient pu renforcer l’image démoniaque du vampire mais, qui auraient aussi pu alourdir le texte et le rendre indigeste. Cette retenue m’a d’ailleurs semblé accentuer l’ambiance de départ qui nous plonge avec délices dans une Angleterre d’une autre époque.
L’écriture est très poétique, soutenue et retranscrit bien l’atmosphère du XIXème siècle. Il y a quelques petites choses qui m’ont paru dénoter un peu mais je ne me suis pas spécialement attardée dessus, j’étais totalement conquise par l’ambiance sombre et mélancolique qui se dégage de l’histoire.
L’héritage des romans gothiques se ressent clairement dans Even dead things. Une certaine affiliation au genre romantique se dégage visiblement du texte. Avec une belle touche de romanesque, Mathieu Guibé nous offre un magnifique roman très immersif dans lequel l’amour est omniprésent et bien cruel.
Even Dead things feel your love est un très beau récit sombre et mélancolique qui a enchanté l’amoureuse de romans gothiques que je suis.
— Je serai muet comme une tombe.
— D’autant plus que vous y avez déjà les deux pieds, badinai-je en pénétrant dans la pièce.
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