La Plume d'Ivoire

Quatrième de couverture :
 

Dans les années 1960, l’Iran du chah Mohammad Reza Pahlavi est un pays politiquement divisé. Les failles sociales et politiques ne peuvent plus être ignorées et la contestation gronde. C’est dans ce contexte que va naître une belle amitié entre Roya et Shirine, deux lycéennes que tout sépare. Roya, fille d’une famille de notables, envie l’indépendance farouche de sa camarade. Mais Shirine garde ses secrets… Chacune de son côté, et de manière diff érente, va chercher à comprendre le sens de ce qui se passe autour d’elle et à définir son propre rôle dans les bouleversements en cours. Tout au long du roman, elles seront amenées à prendre des décisions qui peuvent à chaque moment entraîner leur perte. 


Le climat menaçant de la crise qui précéda la révolution islamique pèse sur l’existence des personnages de ce roman où contexte politique, cheminement personnel et vie familiale sont inextricablement liés. Un récit poignant, plein de rebondissements et d’émotion, où amitié, poésie, répression, sacrifice et souffrance s’entremêlent. Sur la toile de fond d’une nation contrainte à rompre avec son identité profonde, Un ciel de coquelicots parle de culture, d’histoire et du pouvoir rédempteur de l’amitié et de l’amour.

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         Zohreh Gharemani est une auteur irannienne exilée aux Etats-Unis depuis plusieurs années. Un Ciel de coquelicots est son premier texte publié en français.

         Ce roman raconte l’amitié de deux jeunes filles durant une période troublée de l’histoire de l’Iran : La chute du Shah et la mise en place d’un nouveau gouvernement. Il s’axe plus sur le règne tyrannique du Shah et l’éveil des consciences révolutionnaires des deux amies.

         Elles sont issues de deux milieux très différents. L’une fait partie d’une famille aisée, bourgeoise tandis que l’autre vit dans une famille bien plus modeste. L’une est voilée, l’autre non. Elles ont été élevées dans des conditions très différentes mais se lient d’amitié avec une grande facilité.

         L’héroïne a été éduquée dans un cocon et est ignorante de tout ce qui a trait à la politique. De nombreux personnages vont, volontairement ou non, faire en sorte de lui ouvrir les yeux là-dessus, dont un de ses professeurs et sa meilleure amie dont la famille est assez militante.

         On voit à travers elle la fougue de la jeunesse et sa soif de justice qui dépasse très souvent celle de leurs parents. Là encore, on nous montre clairement que les adolescents se croient invincibles, intouchables et pensent n’avoir rien à perdre.

         On suit ces deux demoiselles durant une partie de leur vie. On découvre le régime imposé par le Shah, le totalitarisme oppressant mis en place qui mène à des arrestations arbitraires de gens et même d’adolescents soupçonnés de ne pas être en accord avec le gouvernement. Les tortures subies par les victimes sont plus que des rumeurs, la peur règne mais les émeutes des rebelles éclatent, les jeunes se dressent de plus en plus contre le régime dictatorial en place.

         On voit l’héroïne réfléchir par elle-même et arrêter d’obéir aveuglément à son père. Elle se rend compte des injustices qui effraient les citoyens, prend la mesure de l’oppression qu’exerce sur eux le gouvernement et commence à vouloir se mêler de la révolution quand sa meilleure amie y est plongée jusqu’au cou. Son amie finira d’ailleurs par avoir de graves problèmes en conséquence de ses actes.

         A travers les pulsions rebelles de l’héroïne, on voit les tensions qui peuvent régner dans les relations père/fille. Les non-dits qui créent cela, des désirs entrant en contradiction. L’obligation d’en venir à des moyens radicaux pour faire entendre raison à l’autre. Même dans un contexte aussi grave et important, on voit que cela n’est pas toujours facile et que les ados ont toujours du mal à communiquer avec leurs parents. Néanmoins, ici, les conséquences sont bien plus graves !

         C’est une période très mouvementée pour l’Iran qu’on ne connaît pas forcément bien en Europe et ce roman permet d’avoir une vision assez précise des troubles qui ont pu secouer le pays ainsi que les gouvernements qui ont pu prendre place là-bas. Prendre une jeune fille naïve pour héroïne nous permet de nous identifier facilement car elle découvre les actes du régime en même temps que nous, ouvre les yeux sur le monde qui l’entoure et s’indigne au même moment que le lecteur. Cette proximité nous permet d’avoir accès à son cheminement de pensées et de pleinement comprendre sa rébellion.

         Ce roman traite de cette révolution dès ses débuts pour nous la présenter dans son entièreté avec la chute du gouvernement en place, dont l’amitié entre les deux jeunes filles est l’axe central du roman qui mène à prendre clairement conscience des dangers du régime et d’être révolutionnaire. Néanmoins, l’idée qui s’impose est la nécessité de se dresser contre l’autorité pour faire changer les choses quand la répression est injustifiée, pour sauvegarder sa liberté en tant qu’individu mais aussi comme peuple.

         En revanche, le côté émotionnel est assez faible au début. Il est assez difficile de ressentir de l’empathie pour les personnages, peut-être à cause de la narration un peu distante qui rend difficile l’identification. Néanmoins, au fur et à mesure du récit, cela se rattrape et on assiste à une fin riche et plutôt bien gérée émotionnellement parlant.

         Prendre autant de risques en assumant ses idées politiques qui contreviennent à un gouvernement aussi dangereux est faire preuve d’un grand courage. C’est grâce à ces révoltes que les citoyens iraniens ont pu obtenir ce qu’ils désiraient : la destitution du Shah. Même si le gouvernement mis en place par la suite ne semble guère mieux, voire presque pire…

         D’après ce que j’ai compris, il semblerait que ce roman soit en partie autobiographique, ce qui explique d’autant plus pourquoi les descriptions sont si vivantes et pourquoi on arrive à se sentir si impliqués dans le récit. L’auteur réussi pleinement à faire entrer le lecteur dans son histoire, il se sent concerné par ce qui se passe. C’est un point vraiment important car, cela m’a permis de saisir des choses que j’ignorais totalement. Je suis complètement ignorante concernant l’histoire de l’Iran, et j’ai pu m’y intéresser grâce à ce livre.

         Je compte approfondir le sujet, j’ai trouvé une biographie de Farah Pahlavi, la femme de l’ancien Shah d’Iran. Un Ciel de coquelicot permet d’avoir la vision du peuple, j’espère que la Biographie de Farah Pahlavi, me permettra de saisir le problème du côté du gouvernement.

         C’est un roman que je conseille fortement. Il nous permet de découvrir une culture et une période de l’histoire qui nous étaient peut-être inconnus à travers le destin de ces deux jeunes fills fortes et attachantes.