L’Ange d’Ayala
d’Anthony Trollope
L’Herne (2013)
662 pages
Première publication : 1881
Quatrième de couverture :
Londres, en pleine ère victorienne. Ayala et sa soeur Lucy, orphelines sans le sou, sont chacune adoptées par le frère et la soeur de leur défunte mère. Ayala, belle et séduisante, part vivre chez sa tante, mariée à un riche banquier, tandis que Lucy, moins jolie, est adoptée par son oncle, modeste employé de l’Amirauté. La beauté et le succès d’Ayala auprès des hommes suscitent rapidement la jalousie de sa tante et de ses cousines.
Après moult péripéties, l’amour finit toujours par triompher.
Dans ce roman d’éducation sentimentale, les parents, adoptifs ou non, sont confrontés à de jeunes gens qui n’en font qu’à leur tête. Le récit, très vivant et plein de suspens, publié à l’origine en feuilleton, reste d’une universelle actualité pour tous les parents du monde.
* * *
J’aime beaucoup les classiques mais, c’est souvent à reculons que je me lance dans leurs lectures. Surement des restes de lectures obligatoires subies à l’école…
Néanmoins, celui-ci est arrivé avec sa si jolie couverture et même la vue de ce pavé de 660 pages n’a pas réussi à me décourager. Il faut dire aussi que le résumé avait de quoi me charmer. Et puis, la couverture est vraiment jolie, elle dégage une certaine impression de sérénité, très agréable. Ce roman était tout d’abord publié en roman feuilleton en Angleterre, il est le dernier écrit par Anthony Trollope et c’est la première fois qu’il est traduit en français.
Le premier chapitre est un peu compliqué à suivre car on reçoit beaucoup d’informations d’un coup, il y a nombre de personnages cités sans qu’on réussisse réellement à les situer puisqu’on a aucune idée de qui ils sont, mais, par la suite ça s’éclaire un peu plus et on les recadre mieux.
Pour une fois le résumé ne couvre qu’une toute petite partie de l’histoire, les premiers chapitres, donc évidemment, il se passe bien plus de choses que ce qui y est mentionné. Nous faisons face à deux sœurs qui ont perdu leurs parents, comme elles sont encore jeunes, elles sont confiées aux bons soins de leurs oncles et tantes. L’une d’elle côtoiera le beau monde et le luxe tandis que l’autre devra vivre dans la pauvreté. Chacune sera élevée dans un mode de vie totalement différent de ce qu’elles connaissaient auparavant et il en résultera évidemment quelques rébellions de chaque côté qui aboutiront à plusieurs sanctions, tel que le rééchange des jeunes filles. Les deux familles disposent de ces demoiselles un peu trop à leur guise.
Le roman se nomme « L’Ange d’Ayala », néanmoins même si l’histoire est centrée sur la jeune fille, il n’est pas question que d’elle. On a une sorte de fresque familiale où les déboires de toute la famille nous sont contés, surtout ceux des jeunes filles à marier et de leurs prétendants.
La belle et romanesque Ayala, qui a une pléthore d’hommes à ses pieds mais n’en veut aucun puisqu’elle vit dans son imaginaire et qu’aucun de ceux qui lui font la cour n’atteint la cheville de son Ange de Lumière. Pendant tout le roman, on se demande si finalement elle restera vieille fille ou bien si elle daignera en choisir un. Elle peut être pas mal agaçante de par certaines de ses réactions mais, en règle générale, on la comprend, même quand elle fait fi de l’étiquette. Mais c'est une jeune fille attachante qui rêve d'un mariage d'amour et à qui l'argent ne fait ni chaud ni froid. Elle a ses propres idéaux en tête et rien ne réussi à la détourner du chemin qu'elle s'est fixé. Elle a une volonté d'acier et est guidée par son imaginaire romantique, qui manquera presque de la faire passer à côté du bonheur.
On côtoie également sa sœur Lucy, éprise de M. Hamel, tout autant épris d’elle d’ailleurs. Malheureusement l’élu du cœur de Lucy est méprisé par sa famille qui ne veut pas entendre parler de ses noces avec cet homme. Comment vont-ils s’en sortir ?
Tom est un personnage récurrent et particulièrement insupportable, j’ai eu beau comprendre son désespoir, j’ai eu énormément de mal à me faire à son infatigable persévérance.
Il y a d’autres personnages qui entrent en jeu, tel que les cousines de Lucy et Ayala, leurs oncles et tantes et les divers amis des deux demoiselles.
Les personnages sont plus complexes qu’il n’y paraît et les découvrir au fur et à mesure permet de mieux les cerner et peut même nous faire changer d’avis à leur propos.
Ce qui m’a particulièrement marqué est le fait qu’on ai plusieurs points de vue différents dans un même chapitre ce qui permet de bien comprendre pourquoi les protagonistes réagissent comme ils le font. Par exemple, sur un chapitre entre Lucy et sa tante, si celles-ci se querellent, nous auront droit aux raisons qui les poussent l’une et l’autre à se crêper le chignon. C’est quelque chose que j’ai bien apprécié car ça permet de bien saisir les personnalités des différents personnages et de s’en imprégner plus facilement.
D’ordinaire, j’ai horreur que l’auteur s’immisce dans le récit parce que ça a tendance à me faire revenir à la réalité de façon brutale. Là en revanche, c’est plutôt bien mis en place et ça créer une sorte de complicité entre l’auteur et le lecteur en y ajoutant une petite touche d’authenticité, on a l’impression qu’il parle de personnes réelles qu’il a vraiment connues.
En somme, c’est un classique, certes, mais un classique très attrayant et divertissant, on ne s’ennuie pas une seconde et on a plaisir à suivre les déboires de tout ce petit monde. Si vous aimez l’époque victorienne et l’étiquette qui va avec, vous serez surement charmés. Et en plus, malgré ses plus de 600 pages, il se lit assez rapidement (sans compter les pauses que j’ai faite au milieu, j’ai dû le lire en 4 jours à peu près).
Ma note :
— J’ai toujours eu le sentiment que le cœur des hommes était plus tendre que celui des femmes. Une femme a la main douce, mais, lorsqu’elle pense que c’est nécessaire, elle est capable de donner à son cœur la dureté de l’acier, comme aucun homme ne saurait le faire.
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