La Plume d'Ivoire

coQuatrième de couverture : 

A la mort de son père, Auguste part avec sa famille s'installer chez les grands-parents à la campagne. Mais ce qui s'annonçait comme un retour aux sources, se change en une aventure vertigineuse... 
Car, au détour d'une conversation, Auguste apprend qu'il n'y a jamais eu "d'accident". Son père a été assassiné par une mystérieuse société secrète, les Autodafeurs. 
Leur but ? Le contrôle du savoir et la main mise sur sa forme la plus ancienne : Les livres....
Leur seul adversaire ? La Confrérie?
Son père en faisait partie et Auguste doit prendre la relève. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il va mettre les deux pieds dans un complot d'envergure internationale.
Heureusement pour lui, sa petite soeur autiste, Césarine, a décidé de s'occuper de tout ça...

* * *

     Il y a beaucoup de romans jeunesse pas mal, certains bons mais rares sont ceux pour lesquels je me passionne vraiment. Les Autodafeurs en fait partie. Les textes des Editions du Rouergue m’étaient inconnus et si on ne m’avait pas fortement conseillé ce roman, je serai complètement passée à côté d’une belle découverte ! Les Autodafeurs est une de mes meilleures lectures de cette année. 

    Les héroïnes pullulent en littérature jeunesse quant les héros se font plus discrets, ici, pour notre plus grand plaisir, nous avons les deux. Un adolescent de 14 ans, Auguste Mars, et sa petite sœur Césarine. Un duo de choc extrêmement complémentaire ! Tandis qu’Auguste est confronté aux problèmes des ados de son âge et réagit plus en fonction de ses hormones que de ses neurones, Césarine est extrêmement mature du haut de ses 7 ans et sait utiliser sa matière grise. Autiste, elle préfère que l’on parle d’elle en tant qu’artiste, nous la découvrons au travers des pages de son journal intime un chapitre sur deux. Elle a du mal à comprendre les réactions des adultes et les expressions imagées telle que « à bras raccourcis » et tente d’en comprendre le sens ou démontre que c’est illogique et c’est à mourir de rire ! Très juste d’ailleurs et la façon qu’elle a de développer ses idées m’a complètement charmée. Il est rare que j’ai des fou rires en lisant un roman mais, là, difficile de résister ! Je me suis prise d’affection pour cette demoiselle que j’ai adoré rencontrer à travers ce roman. 

    Ce que je tiens à souligner est le fait que l’auteur ait décidé de choisir un personnage atteint d’autisme pour protagoniste principal. C’est un trouble comportemental que je ne connaissais que de nom et je m’en faisais une idée vague bourrée de clichés. Grâce à Césarine, j’ai pu voir un peu de quoi il retournait. 

    J’apprécie énormément cette démarche, peut-être est-ce dû à une situation de la vie privée de Marine Carteron, toujours est-il que cela permet d’informer le lecteur sans en avoir l’air sur l’autisme, sujet sur lequel nous sommes assez peu informés au final. (ou alors je vis vraiment dans une grotte). (Ce qui, à mon humble avis, est le cas…). 

    L’auteur distille ses informations dans le texte de façon extrêmement naturelle, ce qui nous permet d’appréhender le tout via son journal intime, ses visites à l’hôpital, sa façon d’être, les choses qu’elle ne supporte pas ou les éventuels toc dont elle a besoin pour se rassurer. Une bonne manière de présenter l’autisme et de casser les préjugés. 

    Vous l’aurez compris, j’ai eu un gros coup de cœur pour Césarine (je veux la même petite sœur !) et pour cette démarche qui m’a permis d’apprendre beaucoup de choses !

    Le sujet central de l’intrigue est la protection du savoir de l’humanité, ce que je trouve assez original, surtout la manière dont c’est traité d’ailleurs. Tout comme je le disais plus haut, l’auteur met pas mal d’informations dans le texte qu’on ingurgite sans forcément s’en rendre compte. Des évènements historiques ainsi que des personnages célèbres sont incorporés sans mal à l’histoire de nos héros. 

    Si le fond reste assez manichéen avec les gentils qui protègent le savoir et les méchants qui souhaitent s’en emparer pour dominer le monde, dans la forme, ça passe tout de même assez bien. L’enjeu est somme toute assez classique mais cela a peut-être permis à l’auteur de pouvoir développer ses personnages (qui sont géniaux, je tiens à le re-préciser au cas où vous ne l’auriez pas compris). Le manichéisme qui sous-tend le récit est certes présent mais pas spécialement gênant non plus, même s’il aurait été souhaitable de voir un peu plus de nuances dans les motivations des personnages. 

    L’équilibre de l’action est plutôt bon. J’ai apprécié l’alternance de phases d’action, de passages drôles, d’autres plus émouvants et l’on passe de l’un à l’autre sans anicroche, c’est très fluide et naturel. 

    La seule chose qui m’ait vraiment fait tiquer est le fait qu’Auguste soit un as des arts martiaux à 14 ans. C’est moyennement crédible, néanmoins, cela n’enlève aucun charme au récit et on en fait abstraction assez facilement. 

    Un autre point que je voulais soulever, j’ai horreur des références « actuelles » dans un roman, une marque, une émission car cela a tendance à me sauter au visage et me sortir de ma lecture. Dans ce roman, de nombreuses références sont citées mais, c’était assez bien fait pour que cela ne me gène pas le moins du monde. Ça donne même un ancrage dans la réalité au récit. Le seul soucis qui pourrait se poser est que cela risque ‘être « périssable » et de moins toucher le public d’ici plusieurs années. A moins que cela ne contribue à le situer clairement dans le temps.

    Mon frère est un gardien est un magnifique premier tome qui ne souffre pas des longueurs de mise en place imputables à certains textes. Un roman très riche qui promet une série fabuleuse. Marine Carteron a vraiment réussi ses personnages, ils sont drôles, sensibles, extrêmement attachants et nous attrapent par la main dès les premières pages pour nous plonger entièrement dans leur univers. 

    C’est un des meilleurs romans jeunesse que j’ai pu lire et je le recommande vivement ! C’est rare que les personnages d’un livre me trotte encore dans la tête plusieurs mois après ma lecture et pourtant, c’est le cas avec Césarine Mars !

Les Autodafeurs :

Tome 1 : Mon frère est un gardien

Tome 2 : Ma sœur est une artiste de guerre

Sans hésitation, c'est un coup de cœur !