La Plume d'Ivoire

  Prince Captif, tome 1 : L'Esclave

  de C.S. Pacat

  Milady (2015)

  316 pages

  ISBN-13 : 9782811214029

  14€90

Quatrième de couverture : 

Damen est un héros pour son peuple et le légitime héritier du trône d'Akielos. Mais lorsque son demi-frère s empare du pouvoir, Damen est capturé, dépouillé de son identité et offert comme esclave au prince d'un royaume ennemi.
Beau, manipulateur et létal, son nouveau maître, le prince Laurent, incarne ce qui se fait de pire à la cour de Vere. Mais dans la toile mortelle de la politique Vérétienne, les apparences sont trompeuses, et lorsque Damen se retrouve pris dans un jeu  de pouvoir pour le trône, il doit s'allier à Laurent afin de survivre et sauver son royaume.
Sans jamais oublier une règle vitale : cacher sa véritable identité à tout prix. Car l'homme dont il a besoin est celui qui a le plus de raisons de le haïr...

* * *

            Prince Captif semble être la nouvelle série qui fait rage en ce moment, notamment grâce à la grosse promo que fait autour de lui Milady. C'est grâce à la Masse critique de Babelio que j'ai le découvrir. Le résumé est intriguant, on nous vend un roman de fantasy particulier où semble-t-il les intrigues géopolitiques vont nous entraîner dans un tourbillon d’aventures.

            Mais… en fait non.

Annonçons-le d’emblée : le Prince Captif est un livre qui m’a profondément déçue. Présenté comme un roman de fantasy, il s’agit surtout d’un roman qui se veut érotique. Je ne suis pas fermée hermétiquement au genre mais je ne l’apprécie pas spécialement non plus. Le problème est que j’aurai aimé savoir où je mettais les pieds avant de commencer ma lecture au lieu de tomber de si haut… J’aurais au moins su à quoi m’attendre même si je ne pense pas que je l’aurais apprécié pour autant.

            J’ai eu l’impression que le côté fantasy n’était là que pour la façade. Est-ce parce que le côté érotique n’est pas assumé ? L’annoncer dès le début aurait pourtant évité une déception et aurait permis au public ciblé de s’y retrouver. Parce que je ne suis clairement pas le bon public pour ce roman.

            Maintenant, même en le prenant pour ce qu’il est, je n’adhère pas plus. Clairement, si le rythme est assez bon, le reste l’est malheureusement beaucoup moins.

            Damen est un prince d’Akielos et futur héritier du trône, seulement, à la mort de son père, son demi-frère le trahit, lui vole son trône et l’offre comme esclave au prince du royaume ennemi. Esclave sexuel, précisons-le. Il se retrouve donc à Vere sous le joug de son pire ennemi.

            On découvre une cité qui se veut décadente, où la sexualité s’exerce au vu et au su de tous, où chacun pare son esclave personnel d’autant de bijoux qu’il peut en porter sans se rompre une vertèbre.

           On ne nous montre d’ailleurs que la vie au palais, on ne sait rien du peuple de Vere. Vivent-ils dans la même exubérance sexuelle que leurs seigneurs ? Qu’en pensent-ils ? Sont-ils plutôt bien traités ? Heureux ? Ou au contraire prêts à mener une rébellion ? Nous n’avons aucun indice de ce qui se passe au dehors, on ne navigue qu’entre les aristocrates et leurs esclaves.

            Il manque comme un pan de l’histoire pour rendre le tout attrayant. Toute la culture de Vere, les traditions, coutumes, croyances. Idem pour Akielos. D’ailleurs pourquoi ces deux peuples se font la guerre depuis si longtemps ?

On est jetés au beau milieu d’une gigantesque orgie qui n’a pas de réelle raison d’être. Ou du moins qui n’a pas d’explication claire pour la rendre naturelle et crédible. Il y a une explication quant au fait que les relations homosexuelles sont les seules acceptées en dehors des mariages, c’est la peur de créer des bâtards qui la nourrit. J’ai trouvé cela plutôt bien trouvé mais, j’aurai aimé en savoir plus. Qui a instauré cette « loi » ? Quand ? Quelles raisons l’y ont poussé ?

Au fil du roman on s’enfonce de plus en plus dans le malsain et c’est assez dérangeant. La présence de pédophilie et de viols n’y est d’ailleurs pas étrangère…

            Certes, les romances érotiques sont à la mode en ce moment mais, généralement les relations sexuelles y sont présentes entre adultes consentants. Du moins, j’ose l’espérer parce que faire l’apologie d’un acte aussi horrible qu’un viol ne devrait jamais avoir lieu.

            Mais ici, j’ai eu l’impression d’assister à une surenchère de déviances sexuelles. Ne manquait plus que la zoophilie. Parce qu’entre les combats d’arènes se soldant purement et simplement par le viol du perdant et la pédophilie présente tout du long, il y a largement de quoi être mal à l’aise.

           Quant aux personnages, malheureusement, ils m’ont parus aussi creux que l’intrigue. Damen est un prince, élevé depuis son plus jeune âge à donner des ordres et à vivre dans le luxe, on s’attendrait en conséquence à ce qu’il ait du mal à se plier au nouveau rôle qu’on lui impose, qu’il se rebelle. Certes, il n’y va pas de gaîté de cœur, il souhaite s’enfuir mais je l’ai trouvé vraiment docile, trop ? Il se laisse trainer dans tous le palais par une laisse…

Il est censé en imposer, être un héros et j’ai trouvé qu’il ne se dégageait rien de lui, pas de charisme. Il en va d’ailleurs de même pour Laurent qui m’a fait l’effet d’un gamin capricieux et sans consistance.

           J’ai eu l’impression d’avoir été trompée. On m’a « promis » un roman de fantasy et je me suis retrouvée au milieu d’une sorte de romance sans romance.

C’est une lecture dont j’attendais beaucoup et qui m’a fortement déçue. Loin de la fantasy secouée par des conflits géopolitiques que je souhaitais découvrir.

           Le roman souffre de beaucoup de manques. L’univers n’est pas assez développé et les personnages sont plutôt plats. De plus, la surenchère de sexualité tourne au glauque. C’est dommage car je pense qu’un travail plus approfondi et un plus grand développement de l’univers aurait pu rendre le tout un peu meilleur. Ou alors il aurait fallu plus assumer le côté érotique et le vendre au bon public.

           Une grosse déception pour ma part, je ne lirai pas la suite.