Rome, Tome 1 :
La Maîtresse de Rome
de Kate Quinn
Presses de la Cité (2012)
535 pages
Première publication : 2010
/!\ Le résumé contient quelques spoilers /!\
Quatrième de couverture :
Jeux du cirque, complots, banquets, orgies... Dans cette formidable saga antique, Kate Quinn fait revivre avec panache l'univers dépravé et sanglant de la Rome du Ier siècle.
Jeune esclave juive soumise aux caprices de l'arrogante Lepida Pollia, sa maîtresse, Thea connaît pour la première fois le bonheur dans les bras du gladiateur Arius le Barbare, la nouvelle coqueluche de Rome. Mais leur idylle attise la jalousie de Lepida, qui s'emploie de son mieux à les séparer.
Cette dernière n'est pas le seul obstacle à se présenter sur la route des deux amants. Grâce à ses talents de musicienne, la belle Thea ne tarde pas à être remarquée de l'aristocratie romaine... et d'un dangereux admirateur : l'empereur Domitien, un homme brillant mais cruel qui en fait sa favorite. Devenue la femme la plus influente de Rome, Thea doit plus que jamais garder son amour pour Arius secret.
* * *
A force de voir les coups de cœur pleuvoir sur ce livre, j’ai craqué et ai voulu le découvrir à mon tour. Les romances n’étant pas tellement ma tasse de thé en règle générale, heureusement que la bibliothèque de Paris l’avait ! Et finalement, je dois dire que je suis conquise. Dès les premières pages j’ai été captivée par l’univers que nous décrit Kate Quinn.
L’atmosphère de la Rome Antique est très bien retranscrite, tant qu’on s’y croirait ! L’histoire est très bien documentée, même si je connais la Rome Antique d’un peu loin, on ressent bien que l’auteur a fait des recherches. La présence de personnages et de fait réels donnent une dimension très authentique au récit, on pourrait croire que l’histoire de Thea et Arius est véridique. Les différences sociales sont présentes et chacun essaie tant bien que mal de se hisser le plus haut possible. Complots, intrigues et manigances en tous genres sont donc au rendez-vous. La domination de l’empereur sur Rome est très visible car chacun use de son temps en fonction de l’emploi du temps de Domitien. Les majestueux et cruels jeux du cirque s’arrêtent en son absence et sont remplacés par de petits combats sans prétention pour amuser la plèbe.
On découvre l’horreur des combats de gladiateurs, leur conditions de vie grâce à Arius. Le fait qu’ils soient forcés de se battre même si tel n’était pas leur souhait, tout simplement pour sauver leur peau. Ils n’étaient absolument pas libres, considérés presque comme des esclaves, même si de cela on s’en doutait un peu.
(…) Arius restait là, immobile, prolongeant bizarrement l’attente, Domitien le regarda. Je vis sa nuque se raidir et me souvins de ses paroles : « Même mon épouse a peur, sous son visage de marbre. Mais pas toi. Toi et un autre — Sais-tu qui ? Ce n’est même pas un être humain. Un simple esclave, un animal, comme toi. Un gladiateur. Celui qu’on appelle « Le Barbare ».
Je ne sais pas s’ils étaient vraiment libres de sortir seuls le soir pour aller boire à la taverne mais… ça passe et ce n’est qu’un détail assez négligeable dans l’ensemble du roman. Il y a quelques incohérences par rapport à leurs combats, comme l’explique l’auteur elle-même à la fin, comme le fait qu’il ne pouvaient en aucun cas se battre contre des femmes ou à six contre un dans l’arène. Scènes qui ont été rajoutées certainement pour renforcer la cruauté et le sadisme de l’empereur et donner un côté plus tragique et épique aux combats d’Arius et lui conférer une véritable aura de « Dieu vivant ».
On voit également la vie d’esclave, par les yeux de Thea, la façon dont elle est traitée par ses maîtres est franchement horrible mais, en même temps elle n’avait pas tellement le choix. La demoiselle doit obéir aveuglément aux désirs de Lepida Pollia et se fait frapper par sa maîtresse si celle-ci décide que son travail est mal fait ou qu’elle la trouve impertinente, ou même juste parce qu’elle en a envie… Elle se fait également violer fréquemment par son maître mais, elle n’en perd pour autant pas sa dignité. Rassurez-vous, aucune scène intime n’est décrite, elles sont toutes suggérées par une phrase ou deux et laissées en suspens grâce à une ellipse, vous n’aurez donc pas à subir de scènes de viol. Les esclaves sont traités comme des objets, ni plus ni moins, comme de tout temps où l’esclavage était autorisé d’ailleurs… Leur maître ne les supporte plus ? Il n’a qu’à les vendre ! Il souhaite les humilier ? Il ne s’en prive pas…
C’est en ça que j’ai apprécié le personnage de Thea, elle est forte, digne et ne se laisse pas si facilement marcher sur les pieds. Même dans une attitude docile et sans ouvrir la bouche on sent qu’elle n’est pas aussi soumise que ses maîtres le désireraient. Arius en est la preuve vivante, car, même en sachant que Lepida, sa maîtresse, le veut dans son lit et que si elle, Thea, se risquait à le courtiser elle entendrait longtemps parler du pays, elle n’hésite pas à braver les interdits et à vivre son amour avec Arius sans songer à son odieuse maîtresse.
On se prend d’affection pour Thea, cette jeune fille que la vie n’a pas gâtée et qui est loin, très loin de trouver grâce à ses yeux. Elle va en baver plus que de raison par la cruauté de tous ceux qui l’entourent et en particulier par la haine que lui voue Lepida. Cette dernière fera tout ce qu’elle peut pour lui mener la vie la plus rude possible. La demoiselle passera par tout un panel de « statuts » différents tout en ne restant finalement qu’une simple esclave, on aura plaisir à la voir gravir les échelons de la société et pouvoir monter plus haut que Lepida et lui lancer cela dans les dents.
On se retrouve face à une collection de personnages tous plus intéressants les uns que les autres. Thea aura, certes, beaucoup d’ennemis mais rencontrera également des amis précieux qu’il l’aideront du mieux qu’ils le pourront. Personne n’est sans faille, chacun a ses petits travers. Les personnages les plus droits font des faux pas, en revanche, les personnages les plus durs et cruels paraissent ne pas réellement avoir de « bon » côté même s’ils semblent assez complexes. Je pense à Domitien qu’on a vraiment du mal à cerner et à Lepida qui semble n’être finalement qu’une femme perfide et vénale, on a réellement du mal à discerner un cœur au milieu de cette boule de méchanceté. Peut-être est-elle simplement avide de reconnaissance ? Néanmoins, cela en fait un personnage dynamique qui fait bouger les choses et s’enchainer les actions.
Voilà donc un roman qui m’a bien plu, une romance historique plus historique que romance d’ailleurs. C’est là un des points que j’ai le plus apprécié, n’étant pas une grande fan de romance j’ai été ravie de voir qu’on ne passait pas notre temps dans les bras d’Arius et Thea mais, qu’on suivait plutôt l’évolution de leurs vies respectives qui vogue au bon vouloir de leurs différents maîtres. Une belle plongée dans la Rome Antique très réussie qui nous présente différentes facettes de la vie à cette époque, autant du côté des mieux pourvus, tel Lepida, que du côté des esclaves, le tout avec une plume assez simple mais efficace qui nous entraine facilement dans cet univers des plus intéressants.
Rome :
Préquelle : Les Héritières de Rome
Tome 1 : La Maîtresse de Rome
Tome 2 : L'Impératrice des sept collines
[On retrouve les mêmes personnages dans les tomes 1 & 2 mais, ils peuvent se lire indépendemment l'un de l'autre]
Coup de Cœur !
L’amphithéâtre tout entier se dressa, et je criai avec les autres. Il fut un temps où j’aurais éprouvé de la pitié pour ces espagnols, qui tenaient à la vie tout autant qu’Arius. Mais l’amour m’avait rendue cruelle et je souhaitais seulement leur mort. D’un seul coup, Arius trancha au coude le bras droit de l’un d’eux et, malgré ma terreur, son adresse m’emplit d’une fierté farouche.
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