Francesca, Tome 1 :
Empoisonneuse à la cour des Borgia
de Sara Poole
MA Editions (2011)
413 pages
Première publication : 2010
Quatrième de couverture :
Rome, été 1492. Une époque troublée pour la chrétienté, qui s'est rendue coupable quelques mois auparavant de promulguer l'édit décrétant l'expulsion de tous les Juifs d'Espagne. Mais la cité éternelle s'émeut moins de leur sort que de celui du pape, Innocent VIII, dont on dit qu'il est mourant. Cette nouvelle attise pourtant davantage les ambitions qu'elle ne suscite la prière.
Au service de la famille des Borgia depuis toujours, Francesca apprend la mort de son père (l'empoisonneur attitré de la famille) dans des circonstances douteuses. Commence alors pour elle une quête de vengeance, qui la pousse à prendre la suite de son père.
Ses recherches vont lui faire découvrir que l'expulsion des Juifs d'Espagne n'est que le prélude à des actes plus monstrueux encore et que le pape, à la santé déclinante, compte bien autoriser depuis le Vatican. Il s'agit à présent de le neutraliser, tout en aidant Rodrigo Borgia, son maître, à être élu pape par le conclave.
* * *
Sortant tout juste de la série Borgia de Tom Fontana, j’étais curieuse d’en savoir plus. Étant tombée sur cette fiction avant de m’être procurée un roman bien plus réaliste historiquement parlant, je me suis tout de même lancée.
Le roman commence fort avec l’assassinat d’un homme dans le palais des Borgia. C’est comme ça que l’on rencontre Francesca, l’héroïne de ce roman car elle n’est autre que la meurtrière de feu le nouvel empoisonneur de la famille de Rodrigo. Elle, une femme, donc bien peu considérée par les hommes à cause de cela, souhaite prouver par cet acte qu’elle est autant capable qu’un homme d’exercer le métier d’empoisonneuse. Force est de constater qu’elle a extrêmement bien réussi puisqu’elle a empoisonné un empoisonneur - triste ironie n’est-ce pas ?
Pour être honnête, la première partie a été assez agréable à lire mais ne m’a pas vraiment convaincue, je l’ai trouvé un peu trop lisse avec une sorte de côté un peu jeunesse qui ne convenait pas, de mon point de vue, à la sulfureuse réputation des Borgia. De plus, l’intrigue de base m’a paru bien simple et fut trop facilement réalisée. Je l’ai lu avec plaisir mais sans avidité, ayant l’impression de m’être un peu fourvoyée dans mon choix de lecture, moi qui cherchais quelque chose de plus adulte et plus complexe que ce que j’ai lu dernièrement.
J’ai bien cru que cette intrigue toute simple était la principale du roman, et c’est bien là que je me suis trompée car, une fois cette intrigue-ci apparemment close, elle se complexifie et devient vraiment intéressante. Je peux vous dire que j’ai dévoré la seconde partie en un rien de temps ! Parce qu’on a beau se douter de comment l’histoire va plus ou moins finir, la tension monte et on panique quand même avec l’héroïne de savoir ce qui va advenir par la suite.
Focalisé sur le meurtre qui doit irrémédiablement être commis au début, on se rend compte petit à petit que la véritable intrigue se trouve ailleurs, pas loin du tout en fait, juste sur un autre détail de celle-ci qui va s’amplifier et nous faire craindre les évènements à venir.
De plus l’ambiance de l’époque est bien restituée, il y a eu de la recherche et ça se sent, on apprend au détour d’une phrase pas mal de choses intéressantes sur certains évènements historiques. Pas de craintes de s’embrouiller à ce niveau là, tout est clair et précis, il n’y a pas trop de détails qui pourraient perdre le lecteur en cours de route, ni trop peu pour que l’on puisse apprendre tout en se divertissant ! Le point de vue d’autant plus intéressant ici est bien évidemment la dimension religieuse et surtout de voir la manière dont étaient traités les juifs à l’époque, de bien saisir la précarité de leur situation et d’en comprendre l’horreur ainsi la stupidité de ceux qui leur font subir tout cela pour des excuses qui, à notre époque, me semblent bien faibles et injustifiés.
Lire ce livre juste après la série Borgia m’a un peu perturbée au début, quelques descriptions comme le fait que Guilia est blonde dans ce roman et brune dans la série mais, rien de bien dramatique au final. J’ai juste un peu tiqué sur l’absence de Juan Borgia, étant donné qu’il avait un an de moins que Cesare il m’a semblé étrange qu’il ne se trouve pas avec ce dernier et leur soeur Lucrezia mais, peut-être était-ce surtout pour éviter une surcharge de personnages.
La façon dont Francesca s’adresse à Rodrigo m’a paru pas mal effrontée par moment, surtout pour l’époque et pour une jeune fille de son âge. Son comportement était assez déplacé par moments mais il est vrai que cela fait partie de son caractère. Francesca est un personnage bien complexe, se disant hantée par les ténèbres tout en montrant qu’elle a un coeur d’or, elle est vraiment attachante.
J’ai également apprécié Rocco et Vittoro, prêts à l’aider dans tout ce qu’elle pourrait entreprendre, armés d’une compassion étonnante et d’un courage remarquable, ils m’ont fait une très bonne impression et je me suis surprise à m’attacher à eux. Quant à Cesare Borgia, j’ai eu un peu de mal au début du livre, son comportement ne coïncidait pas avec ce que j’avais en tête mais je m’y suis habituée et je l’ai retrouvé un peu plus loin dans le roman (cf. la citation de la fin qui m’a arraché un gloussement ridicule).
En tout cas, pari réussi, ce livre est un bon thriller historique ni trop simple, ni trop complexe pour qu’on puisse s’y retrouver, qui met en place une ambiance très agréable, des personnages hauts en couleurs et une intrigue que l’on dévore en moins de deux !
Ce livre a été lu dans le cadre d’une lecture commune avec Harmonie, retrouvez sa chronique sur son blog !
Francesca :
Tome 1 : Empoisonneuse à la cour des Borgia
Tome 2 : La Trahison des Borgia
Tome 3 : Maîtresse de Borgia
*Série Terminée*
Ma note :
Si César avait de nombreux talents (auxquels j’ai déjà fait allusion ici), il manquait en revanche singulièrement de tact. Ses notions en diplomatie, par exemple, se résumaient à la conviction que le chemin le plus rapide pour obtenir la paix (ou ce qu’il voulait) était de balayer ses ennemis de la surface de la terre.
Mais il se trouvait dans la basilique Saint-Pierre, le lieu le plus sacré de toute la chrétienté après Jérusalem. Et s’il avait le malheur de véritablement causer des problèmes, son père se ferait un plaisir de le lui rappeler régulièrement.
Par conséquent, il serra les dents et s’exclama :
— Ne te fous pas de ma gueule, le prêtre. Contente-toi de nous montrer comment on entre dans ce grenier.
Le vieil homme devint blanc comme un linge, avant de s’empourprer. En dépit de son apparente suffocation, il parvint à nous montrer la direction du doigt.
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